Sa solitude était si profonde qu’il ne désirait plus rien si ce n’est entendre la voix d’un être… Sa dernière demande n’eut pas été d’entendre Dieu et de pouvoir lui parler dans le fond des yeux mais, il réclamait de la plus tendre des manières qu’une voix qui vive lui réponde dans le silence moribond que connaissent parfois nos cœurs délaissés, là-haut, dans les phares d’où sont guidés les bateaux ballotés dans les tempêtes qu’il faut pourtant savoir aiguiller en homme simple qu’il était.
Il s’ensuit que dans une sorte de mal insidieux qui ronge l’intérieur d'un corps qui tremble ; un corps submergé par la cristallisation des sens, un mal si profond qu’on hésiterait à lui donner un nom en langue française se montrant parfois trop faible de quelques syllabes…pour refléter l’état de délabrement de cet homme du phare rongé par ses responsabilités et par le poids du silence. Sans équivoque, notre ermite de la tour de pierre ne sait que trop bien que la flamme du phare doit continuer de guider tant de bateaux pris dans la tempête, c’est là sa seule mission bien qu’elle soit des plus périlleuse. Les heures de tonnerres passant, notre homme n’aura plus qu’une idée en tête, que la nuit laisse place aux lendemains qui chantent des voix et des cris organiques de la nature qui lui feront comprendre qu’il n’est plus seul au monde.
Peut-être par comparaison funeste, la mort est un mal qu’il nous faut savoir accepter et dompter, le silence des nuits qui nous font trembler de sueurs, nous le tout un chacun, dans des cauchemars que nous vivons d’une manière réelle ou que nous ne faisons que d’y songer, reste une sorte de préparatif, de palliatif face à cette dite mort que l’homme du phare ne connaît que trop bien. Que nous soyons en haut d’une tour ou au fin fond d’une mine cela n’aura aucune importance sur notre destinée car la vie est une pièce qui finit toujours par s’achever dans le silence des mots que notre corps ne pourra plus prononcer.
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